Une réponse du Groupe anarchiste Salvador-Seguí au SUB-CNT.
Ici, vous trouverez un article provenant du Syndicat du bâtiment (SUB) de la CNT-f (Vignoles) en réponse à celui intitulé « L’arme de la caisse de grève » que j’ai écrit il y a quelques mois pour Le Monde libertaire. L’article des camarades du SUB explique le fonctionnement de la caisse de grève de leur syndicat, un fonctionnement qui mérite d’être connu et c’est pourquoi nous le publions. Néanmoins, ce texte adresse quelques critiques directes au groupe Salvador-Seguí auxquelles il convient de répondre et, je l’espère, de façon constructive.
1. On nous y reproche notamment une « fâcheuse tendance à ne jamais porter le regard vers une CNT-f [Vignoles] ».
C’est surtout qu’en essayant de me renseigner sur la pratique des caisses de grève dans l’actualité sur Google la CNT-f et le Syndicat du bâtiment en particulier n’apparaissaient pas à l’époque de la rédaction de l’article, ou tout du moins, je n’ai pas vu d’article d’actualité permettant d’illustrer cette pratique de leur part.
2. Le SUB écrit : « La CNT-f se revendique d’une forme organisationnelle pourtant identique à celle du militant espagnol dont ils semblent vouloir honorer le nom et la pratique syndicale. » Il s’agit ici pour eux de dire que nous devrions davantage être attentifs à la CNT-f, du fait du nom de notre groupe.
En s’appelant ainsi, le groupe Salvador-Seguí honore la mémoire d’un syndicaliste qui a incontestablement mené un formidable travail lors des grèves de la Canadienne et qui œuvra à préserver la cohésion de la centrale anarcho-syndicaliste en maintenant l’équilibre entre syndicalistes et insurrectionnalistes. De là à dire que nous avons des pratiques identiques, c’est aller loin. Le syndicalisme espagnol depuis les années 1910 et 1920 a bien changé, beaucoup de syndicalistes aussi.
3. Le SUB écrit : « Ils [les militants du groupe Salvador-Seguí] persistent à croire que l’avenir du syndicalisme se trouve encore dans ces structures pyramidales et bureaucratiques d’accompagnement du capital. »
Que cela plaise ou non, statutairement, la CGT est fédéraliste et démocratique. La pyramide bureaucratique décisionnelle cégétiste est un mythe. Tous les syndiqués ne se mettent pas en grève à l’appel de la CGT. Des pressions s’exercent indiscutablement dans des conflits internes, notamment en empêchant la création de syndicat de base allant au-delà du périmètre d’entreprise et c’est très loin d’être rose. Mais, de mon expérience personnelle, je pense surtout que la CGT s’illustre peut-être davantage par la malhonnêteté de certains de ses responsables. Mais ceci est valable dans toutes les organisations. Il y a des enjeux de pouvoir et de stratégie avec ou sans permanents, élus et mandatés.
Accompagner le capital ? En quoi la CGT s’illustre-t-elle en cela ? En participant à des instances où elle se prononce bien souvent en défaveur des propositions patronales et gouvernementales ? J’avoue avoir toujours du mal à comprendre cette remarque.
L’avenir du syndicalisme est-il à la CGT ? Mon article ne disait pas une chose pareille. Ma militance cégétiste est affaire de contexte, comme bien souvent pour les camarades anarchistes qui militent dans cette centrale syndicale. Je suis arrivé dans un établissement où une section CGT dont le bilan était plutôt bon – avec quelques victoires syndicales – était présente et qui faisait face à une direction très hostile. Semer la division syndicale me semblait contre-productif. Je ne saurai dire si l’avenir du syndicalisme se trouve à la CGT. Je ne le pense pas. Mais, en revanche, je suis persuadé que son déclin proviendra de la concurrence syndicale qui tire tout le monde vers le bas. Sans section présente, aurais-je choisi la CGT ? Je ne le pense pas.
4. Le SUB écrit : « Cent ans de soumission aux phraseurs de tribunes électorales, ça laisse des traces… même chez certains anarchos ! »
De qui parle-t-on, là ? Qui donc se soumet ? Le groupe Salvador-Seguí ? Le propos est peu clair et semble insinuer l’allégence de notre groupe aux partis. On se demande sur quel fait un tel propos peut bien se baser…
Quoi qu’il en soit, la caisse de grève dont ils parlent dans leur article, bel outil d’action direct contre l’État et le capitalisme, mérite d’être connu, au-delà de nos divergences. C’est bien là l’essentiel, alors bonne lecture.
Nathan
Groupe anarchiste Salvador-Seguí