Une mobilisation qui s’ancre et que nous devons amplifier !

Le 21 septembre 2017 avait lieu la deuxième journée de mobilisation contre les ordonnances de la loi Travail XXL que le gouvernement s’apprête à faire appliquer. Si les médias bourgeois se sont empressés de pointer la baisse du nombre de manifestants dans les rues, l’heure n’est ni à la défaite ni au pessimisme, car l’émergence d’un mouvement social ne se limite pas à mettre des gens dans la rue. Et plusieurs éléments laissent grand ouvert le champ des possibles.

Tout d’abord, sur le plan intersyndical, les choses semblaient mal engagées durant l’été avec l’absence annoncée – et, certes, pas étonnante – de la CFDT à la première journée de mobilisation, mais, surtout, avec le retournement de Jean-Claude Mailly, qui, après avoir appelé à la lutte contre la loi Travail en 2016, annonçait la non-participation de FO à la manifestation du 12 septembre 2017 et vantait les mérites de la réforme dans les médias. Heureusement, cette volonté d’accompagnement de la politique du gouvernement n’a pas fait l’unanimité au sein de ces organisations syndicales. À la CFDT, plusieurs fédérations – notamment celles du transport et de la métallurgie – ont rapidement fait connaître leurs intentions de prendre part au mouvement social. Au sein de FO, la commission exécutive confédérale a désavoué son secrétaire général en s’opposant aux textes de réforme ; parallèlement, plus de la moitié des unions départementales FO et sept fédérations ont appelé à participer à la mobilisation. Cette résistance s’est, de fait, concrétisée dans la rue avec, lors des deux dernières journées de mobilisation, la constitution des cortèges CFDT et FO qui ont défilé sur le pavé parisien. La mobilisation du 21 septembre 2017 a également permis d’observer la présence de cortèges d’autres centrales syndicales, d’ordinaire peu habituées à la participation à la mobilisation, comme l’Unsa et la CFE-CGC, ce qui semble indiquer que la contestation est bien en train de s’ancrer dans l’ensemble des organisations syndicales de salariés, ouvrant la possibilité de l’élargissement de l’unité syndicale.

Au-delà des manifestations en elles-mêmes, qui, en comparaison avec la première journée de mobilisation contre la loi El Khomri, ont été plus fournies, on peut également se réjouir de la réussite des appels à la grève, avec un nombre d’arrêts de travail qui a crû entre le 12 et le 21 septembre, entraînant des perturbations dans les transports et les écoles, une non-parution des quotidiens nationaux, l’absence de journaux d’infos sur les ondes de Radio France. L’appel à la grève reconductible des transports à compter du 25 septembre prochain et la mobilisation à venir de la Fonction publique le 10 octobre ont également de quoi nourrir nos espoirs de voir le mouvement social se durcir et acculer le gouvernement. La généralisation de la grève n’en reste pas moins une perspective pour l’heure très lointaine, même si elle semble la seule à même de pouvoir faire plier le gouvernement. Pour l’approcher, il faudra veiller à ne pas tomber à nouveau dans la grève par procuration (qui consisterait à se reposer sur quelques secteurs économiques clés – les transports, le rail, les raffineries, les docks) et redoubler d’efforts dans nos entreprises pour mobiliser les salariés et les convaincre aussi bien de la nocivité de la réforme que de la nécessité de la grève. Dynamiser aussi le maillage interprofessionnel, pour amener nos revendications et la grève aux sorties des stations de métro, dans les gares, sur les marchés…

Dans le vaste spectre du mouvement social, le seul véritable « point d’inquiétude » concernerait le tribun de la France insoumise, qui, avec son propre appel à la mobilisation le 23 septembre 2017, apparaît bien déterminé à vouloir récupérer à son compte la mobilisation en se constituant comme figure unique et hégémonique de la contestation sociale. Déjà, certains députés de ce parti ont fait savoir que notre émancipation ne pouvait se jouer que dans les urnes, tandis que Mélenchon lui-même se prend à rêver d’une France insoumise à l’avant-garde des organisations syndicales, contestant ouvertement la pertinence de la Charte d’Amiens et, par là même, l’indispensable autonomie du mouvement syndical. Gageons que ces artifices électoralistes ne nous détournent pas du seul vrai combat qui vaille, le combat de classe.

Groupe anarchiste Salvador-Seguí
Paris, le 22 septembre 2017


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s