Catalogne : la stratégie de la matraque

« Il n’y a pas eu de référendum d’autodétermination en Catalogne. » Par cette déclaration, Mariano Rajoy fait un peu plus étalage de sa stupidité politique. Les images qui défilent en boucle sur tous les écrans TV et réseaux sociaux le contredisent : il s’est bien passé « quelque chose » ce dimanche 1er octobre, en Catalogne. Plus de 2 millions de personnes se sont exprimées sur l’autodétermination, malgré la brutalité, pour ne pas dire la sauvagerie, de la Garde civile, qui a tout fait pour les empêcher d’accéder aux bureaux de vote. On a pu voir aussi des anti-indépendantistes manifester (y compris à Barcelone), brandissant le drapeau national et entonnant Cara al Sol, chant cher à Franco. La coupure est nette et souligne, si besoin était, la « différence » catalane (langue, culture, traditions…). Le spectacle des violences policières a finalement renforcé les indépendantistes et affaibli l’autorité d’un Rajoy qui, en guise d’arguments, a surtout la matraque.

Et, maintenant, vers quoi va-t-on ? Un État catalan indépendant ? Mais pour quoi faire ? Une république catalane en lieu et place d’une monarchie espagnole ? Oui, mais quelle république ? Traditionnelle, comme ici en France ? Avec des exploiteurs et des exploités, des riches et des pauvres ? Bref, une démocratie bourgeoise avec ses possédants et ses possédés (dans tous les sens du terme) ? État catalan ou État espagnol ? Nous défendons évidemment le droit des peuples à l’autodétermination, les frontières étant plutôt tracées par les vainqueurs de l’Histoire que par les peuples. Demain, le gouvernement de la Generalitat sera-t-il plus aux mains du peuple, ou sera-t-il toujours sous la coupe d’une oligarchie semblable à celle de Madrid ? Pour reprendre la main, les organisations de classe doivent impérativement rappeler quels sont les intérêts des travailleurs.

C’est le sens de l’appel à la grève générale en Catalogne lancé par la CGT catalane, la CSC (Confédération syndicale catalane), l’IAC (Intersyndicale alternative de Catalogne), la COS (Coordination ouvrière syndicale) et la CNT (Confédération nationale du travail). Ces organisations ne se prononcent pas quant à l’indépendance ou non de la Catalogne, tout en rappelant que leurs adhérents sont libres de leur choix. Toutefois, elles dénoncent unanimement les violences policières de ces derniers jours et les attaques contre les droits civiques. Le comité confédéral de la CGT de Catalogne rappelle, lui, que ces attaques et violences existent depuis déjà longtemps. La grève générale en Catalogne déclenchée ce mardi 3 octobre a pour objet d’exiger l’abrogation des « réformes » du travail de 2010 et 2012, de dénoncer la précarité grandissante, la baisse générale des salaires, la dégradation des conditions de travail, la répression exercée contre les grévistes et les militants syndicaux, les amendes administrées au nom de la loi Baillon (Ley Mordaza).

Il s’agit d’un seul jour de grève. Au cas où, la CGT à déposé son préavis jusqu’au 9 octobre. À suivre, donc.

Ramón Pino
Groupe anarchiste Salvador-Seguí


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