Ça intéresse peu ou prou nos « grands » médias, et pourtant voilà plus de trois semaines que la situation est explosive à Mayotte. Cette fois c’est l’insécurité et les violences aux abords d’établissements scolaires qui en sont la cause.
Barrages routiers (érigés, démantelés et réinstallés) et manifestations se sont succédé à l’appel de l’intersyndicale de l’île et d’associations. La dernière manifestation a rassemblé environ 15 000 personnes. À noter que même certains élus se sont joints à la protestation dirigée contre le préfet de l’île.
Précisons que l’insécurité, là-bas comme ici, n’est pas née par hasard et n’est que le résultat d’un système économique et social qui a largement prouvé son incapacité à assurer les besoins minimum de la population (84 % des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté, et le chômage touche 26 % d’entre eux). Les retards sont considérables, notamment en matière de logements, transports, santé (hôpitaux saturés) et éducation (les élèves vont en cours par rotation)…
Ces situations dramatiques ne sont que les manifestations sur le plan politique d’un État français raciste et colonial qui voit en les Mahoraises et Mahorais des citoyens de seconde zone, dont il se sent autoriser à rogner les droits. À Paris, notre Assemblée nationale a fini par s’en émouvoir ; il faut dire aussi que va bientôt avoir lieu une élection législative partielle (les 18 et 25 mars). Annick Girardin, ministre des Outre-mer, se rend sur place pour tâcher de calmer le jeu ; avec une belle enveloppe ? La remise à niveau des services publics de l’île est évaluée à 1,8 milliard d’euros. La ministre, elle, a bien pris son temps pour venir, ne voyant très probablement aucune urgence dans la situation…
En attendant pour patienter, comme d’habitude, l’État envoie deux bataillons supplémentaires de gendarmes mobiles, ça peut toujours servir. Les équipements publics, les élèves, le chômage, il sera toujours temps d’y penser… après les élections.
Groupe anarchiste Salvador-Seguí