En Catalogne, les événements s’enchaînent à la vitesse grand V depuis quelques semaines. L’organisation d’un référendum sur l’autodétermination de la région inquiète le gouvernement central de Madrid. Les précédentes consultations sur le sujet divisent les Catalans. Jusqu’à présent, les partisans du « non » à l’indépendance l’emportent de peu (mais l’emportent quand même). Toutefois, le nombre des partisans du « oui » augmente régulièrement, et ce n’est pas la dernière « maladresse » du Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, qui risque d’inverser la tendance : 14 arrestations de hauts fonctionnaires catalans et 41 perquisitions de bureaux de l’administration catalane. Le but de l’État central est ici de s’emparer des fichiers informatiques et du matériel électoral (bulletins de vote, tracts, dépliants, urnes…) pour empêcher la tenue du référendum. Ces opérations ont été menées par la Garde civile, réveillant ainsi le souvenir des sombres années de la dictature franquiste.
Résultat des courses : au cri de « Forces d’occupation, dehors ! », on voit une mobilisation immédiate de plusieurs milliers de Catalans dans la rue, et une classe politique espagnole divisée : PSOE, Podemos, Izquierda Unida, qui étaient contre la tenue de ce référendum, condamnent le coup de force du gouvernement central, qui, de fait, a pris les commandes de la région catalane administrativement et, surtout, financièrement. Sans oublier que la répression contre les partisans de la tenue du référendum s’étend au monde syndical et à l’activisme social ou citoyen. État d’exception, état d’urgence, c’est toujours l’État qui tient la trique et régit le « jeu démocratique ».
Entendons-nous bien : nous sommes favorables à l’autodétermination des peuples et, donc, dans le cas du référendum catalan (pas un devoir, mais un droit), la population catalane doit pouvoir s’exprimer en toute liberté. Nos camarades libertaires (tant catalans que d’autres régions d’Espagne) dénoncent et combattent toutes les actions répressives de l’État tendant à empêcher le peuple – catalan, en l’occurrence – d’exprimer sa volonté en totale liberté.
N’oublions pas quand même que la grande bourgeoisie catalane, elle, n’est pas si indépendantiste que ça. On commence à assister à des déménagements d’entreprises et de leurs sièges sociaux ; d’autre part, si les scandales de corruption se succèdent au sein du pouvoir central, le gouvernement catalan (Generalitat) n’en n’est pas exempt. Voir certains de ses leadeurs, nationalistes à tout crin, mais pas quand il s’agit d’aller placer leur argent sale sous des cieux fiscaux plus cléments (en Andorre, par exemple).
Obtenir l’indépendance de la région ne déboucherait pas automatiquement sur l’émancipation du prolétariat catalan (ou travaillant en Catalogne). La Generalitat est assez floue sur sa conception d’une république catalane ; elle a sa police (mossos de escuadra) et elle voudra son armée (fiscalement, ça risque de refroidir plus d’un catalaniste)… Les relations avec les autres régions d’Espagne ? Comme les camarades libertaires du pays, nous penchons davantage vers un fédéralisme que vers un indépendantisme (sous lequel se cache bien souvent un nationalisme exacerbé). Pour résumer : ni catalanistes ni espagnolistes, mais résolument fédéralistes et internationalistes.
Ramon Pino
Groupe anarchiste Salvador-Segui
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